Un contexte varié
Là où tout à commencé : Premièrement, une intégration au sein d’une équipe pluridisciplinaire de santé au travail, en lien direct avec le médecin du travail. Le travail était effectué dans un périmètre large avec une grande variété de population : services administratifs, direction, manutention, transport & logistique. Aussi, une organisation de travail différente selon chaque individu, les administratifs avec horaires fixes, le travail posté en 3×8 soit hebdomadaires soit rotatif, les administratifs la supply chain travaillant avec des horaires décalés.
Les démarches de l’équipe de santé
Une mission claire : comprendre l’état de santé global des collaborateurs et mettre en place des actions concrètes de prévention. L’aventure a été riche car elle concernait tout le monde avec une complexité supplémentaire d’un rythme en 3x8, qui expose à des troubles du sommeil et à une désorganisation des rythmes biologiques.
Une approche pluridisciplinaire et structurée
Avec l’aide de l’équipe ; médecin du travail, psychologue, nutritionniste, kinésithérapeute, nous avons commencé par dresser un état des lieux :
Statistiques TMS et AT/MP pour identifier les zones les plus à risque.
Questionnaire NORDIQUE pour cartographier les douleurs musculosquelettiques (nuque, épaules, dos, poignets…).
IPAQ pour mesurer le niveau d’activité physique hebdomadaire et de temps passé assis pour le corréler avec les différents TMS ainsi que proposer des solutions pour passer moins de temps assis.
SF-36 pour évaluer la qualité de vie perçue sur huit dimensions (douleur, vitalité, rôle physique et émotionnel, santé mentale…). Les questionnaires étaient répétés en début, milieu et fin de prise en charge pour mesurer l’évolution.
Questionnaires sommeil validés Bergen Shift Work Sleep Questionnaire BSWSQ (Ferreira et al.) afin de repérer les troubles liés au travail posté.
COPSOQ pour évaluer les risques psychosociaux : charge de travail, soutien social, stress et épuisement.
DASS-21 pour mesurer la quantité d’anxiété, dépression et stress afin de cibler les signaux faibles.
Nutrition : PNNS-GS2 afin de mesurer la qualité des produits alimentaires consommés par les collaborateurs.
Ces données nous permettaient d’identifier les signaux faibles : fatigue chronique, douleurs persistantes, baisse de satisfaction ou de performance – autant de marqueurs prédictifs d’accidents ou d’arrêts longs.
Des outils scientifiques
Nordique & quantification de stress mécanique : L’un capte les symptômes par région et l’impact fonctionnel, l’autre décrit la situation de travail (contraintes biomécaniques/organisationnelles) ; ensemble, ils relient ce que ressent la personne à ce qui se passe au poste.
COPSOQ : Couvre les facteurs causaux (contraintes quantitatives, organisation/leadership, autonomie, relations) et les conséquences (vécu pro, santé/bien-être), avec de bonnes qualités psychométriques.
BSWSQ : En 3×8, l’insomnie circadienne n’est pas qu’un “mauvais sommeil” ; elle est liée aux horaires et demande des leviers spécifiques.
DASS-21 : En plus de cibler les signaux faibles d’anxiété, dépression et stress le questionnaire permet de prendre en charge les collaborateurs avec des données aberrantes (outliers) et d'effectuer une prise en charge individuelle.
SF-36 : donne une vision globale physique & mentale, c’est un signal lisible de progression pour tous. Tout comme avec le DASS-21, les outliers sont pris en charge en soin individuel.
Des actions ciblées et mesurables
À partir de ce diagnostic, nous proposions différentes actions de soins et de prévention:
Formations collectives : gestes et postures, hygiène de vie, nutrition, récupération.
Ateliers spécifiques : renforcement musculaire, échauffements collectifs, gestion du stress.
Prise en charge individuelle : pour les collaborateurs présentant des scores aberrants ou des douleurs persistantes.
Proposition : modification du rythme du travail posté (circadien), matériel adapté et ergonomique, …
Les données montraient que la combinaison entre les ateliers et le suivi individuel améliorerait significativement les scores SF-36 notamment la douleur et la vitalité et réduisait le nombre de restrictions médicales sur les postes les plus exposés.
Exemple de résultats
Suite aux prises en charge individuelles, nous avons réitéré le questionnaire 2 fois; au bout de 2 mois (T1) et 4 mois (T2)
Score total :: amélioration nette du score total. 7/9 dimensions progressent par rapport à T0.
Plus forts gains : Vie & relations, Fonction émotionnelle, Santé mentale et Activité physique.
Douleur & Fonction physique : amélioration régulière et stable, cohérente avec les ateliers gestes/postures + renforcement.
Points de vigilance : légère érosion entre T1 et T2 sur Fonction émotionnelle, Santé générale et Vitalité (sans repasser sous T0) — classique en 3×8 quand la fatigue circadienne remonte ou que l’adhésion baisse en fin de programme.
À retenir : le collectif tire vite les indicateurs psychosociaux (T1 haut), l’individuel consolide les dimensions physiques (T2 solide). Il faut une continuité finael pour figer les gains mentaux/émotionnels.
Pourquoi l’individuel et les ateliers ?
Expositions hétérogènes par poste : l’atelier change la culture, l’individuel traite les cas complexes et les outliers.
Les TMS et RPS se nourrissent l’un l’autre : l’approche mixte ferme la boucle (douleur ↔ sommeil ↔ stress ↔ activité).
Pourquoi une prise en charge Rework est essentiel
Dans un contexte où 87 % des maladies professionnelles reconnues sont des TMS (INRS) et où 1 salarié sur 2 se dit exposé à des RPS , intervenir précocement permet :
de réduire l’absentéisme et les coûts liés aux arrêts (≈ 21 000 € par arrêt long),
d’améliorer la qualité de vie au travail,
de maintenir la performance opérationnelle, même en environnement complexe.
L’expérience NVG a confirmé que la prévention n’est pas un “plus”, mais un investissement stratégique : 1 € investi en prévention peut générer jusqu’à 2,20 € de retour.
